L’ONU appelle le Kirghizstan à libérer la journaliste emprisonnée du projet Temirov Live

Mahabat Tajibek kyzy. Photo du site knews.kg

Les experts du Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire ont appelé les autorités kirghizes à libérer immédiatement la directrice des projets en ligne Temirov Live et Aït Aït Dese, Mahabat Tajibek kyzy, condamnée en octobre 2024 pour incitation à des troubles publics.

Les auteurs de l’étude soulignent que lors du prononcé de la condamnation de la journaliste, sept articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme et six articles du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ont été violés.

Selon les analystes, la femme a été poursuivie pénalement pour ses activités professionnelles, dans le cadre desquelles elle n’a pas enfreint la loi. Son arrestation est due à ses enquêtes sur la corruption au sein du gouvernement et ses critiques envers la direction de la république.

« Dans les cas où la privation de liberté résulte de l’expression d’opinions politiques, il existe une forte présomption que cette privation de liberté constitue également une discrimination pour des motifs politiques », indique le rapport des défenseurs des droits humains.

Dans ce contexte, les représentants de la structure de l’ONU exigent non seulement de mettre fin aux poursuites pénales contre Mme Tajibek kyzy, mais aussi de lui accorder une compensation et d’assurer d’autres mesures pour restaurer ses droits.

De plus, les dirigeants de la république d’Asie centrale doivent mener une enquête complète et indépendante sur les circonstances de la « privation arbitraire de liberté » de la journaliste et prendre des mesures à l’encontre des fonctionnaires responsables de la violation de ses droits.

Dans son rapport, le Groupe de travail appelle le Kirghizstan à cesser d’exercer des pression sur les médias indépendants et à entreprendre d’urgence des réformes législatives pour mettre l’article 278 (« Troubles publics ») de son Code pénal en conformité avec les normes internationales.

Le mari de Mme Tajibek kyzy, Bolot Temirov, a expliqué au média « Kloop » les raisons pour lesquelles l’avis concernant la condamnation de son épouse, daté du 20 octobre 2025, n’est diffusé que maintenant. Selon le journaliste cela vient, d’une part, des longs délais d’examen de telles affaires par les instances internationales, et, d’autre part, de l’étude minutieuse des dossiers par les experts.

« Ils sont également obligés de notifier les autorités et d’attendre une réponse durant des mois. Nos autorités [du Kirghizstan] n’ont donné aucune réponse pendant tout ce temps », a résumé M. Temirov.

ℹ️ Onze employés du projet Temirov Live ont été arrêtés le 16 janvier de l’année dernière. Ils ont été accusés d’avoir appelé à des manifestations et à des troubles massifs. Initialement, tous ont été placés en détention provisoire pour deux mois – jusqu’au 13 mars, puis le tribunal a assigné sept d’entre eux à résidence avec interdiction de quitter le territoire. Sont restés en détention la directrice des projets en ligne Temirov Live et Aït Aït Dese : Mahabat Tajibek kyzy, l’akyn (barde) Azamat Ishenbekov, et les journalistes Aktilek Kaparov et Aïke Beïchekeeva.

Le 10 octobre 2024, le tribunal a condamné Mme Tajibek kyzy à six ans d’emprisonnement, et M. Ishenbekov à cinq ans. M. Kaparov et Mme Beïchekeeva ont écopé chacun de trois ans de prison avec sursis. Les autres personnes impliquées dans l’affaire ont été acquittées pour absence d’infraction.